Croisade



Il était écrit que chaque manteau dépoussiéré des empreintes de l'habitude
Et posé sur les épaules de celui qui passait
Apporterait, plus que la chaleur
L'espace

Les chemins s'ouvrirent sur des bataillons brûlants de foi
Des volontés tenues haut, une attente d'outre-tombe
Les victoires discrètes extirpées à l'aveuglement
À travers les lichens sombres et serrés de la patience

C'était un combat contre la vacuité,  contre l'insignifiance
C'était imposant et pour moi toute entière
Rien d'autre, rien d'autre nulle part ailleurs n'était considérable
C'était un combat valeureux contre le gaspillage obscène du don

Mais la parole est née vendue
Salope de corps et d'âme au myocarde atrophié sous la rutilance
Prostituée mielleuse, incapable d'atteindre jamais son propre seuil d'écœurement
Elle a laissé ouvert aux vents l'entre-jambes de sa véritable nature

Ce que j'y ai vu me sidère encore
Une perte absolue du peu de gloire humaine
La futilité  seule béant sous les draps
Ma retraite sonnera sur une lacune

Plus qu'un temps qui passa pour Rien
Rien, ultime mausolée de ma Croisade
M'écrasant sous son inconsistance
Une chape de brume fermant le vide

J'en pleure longtemps



Juillet 2014