Soulèvement





Le temps semble calme
Les rênes qui le lient à mes poignets bien ajustés
Conduire, aller, diriger
Mener, mener sa vie
De l'avant, de l'avant, tous ignorent pourtant quelle en sera, là-bas, la singulière attraction
Maintenir à la surface les agendas et les façons
Broder le jour de légers fils tendus pour se frayer le passage vers plus tard
Les influences agissent, leurs fruits bien visibles aux branches des réminiscences

Mais c'est un forfait
L'action, la réelle avancée des matières est sourde et noctambule
La nuit seule ordonne ses assauts
Elle organise avec une maîtrise parfaite une sédition sans chef ni patriarche
Elle récupère sa pleine autonomie par à-coups
Sans règle ni injonction
Soulève du lit qui devrait l'accueillir
Les murmures des espoirs et des vœux
Elle s'insurge aux fibres, virulente et déterminée
A ne laisser aucun répit là où elle règne

Dormir est ma bête noire

Couchée à mes pieds, calme et patiente
Je m'extrais à tout instant du coma obligé des quelques drogues
Devenue brutalement illettrée et vaine
Devant tout réécrire de ce qui, je croyais, fut peut-être
Simplement ce que j'ignorais de moi



Août 2014