Peur du Noir



Puisque le soir  s'offre concession et prend l'allure
D'une  citadelle méconnaissable
Dehors. Je resterai debout à attendre
Dormir est doux aux innocents
J'ai commis, dans quelques vies secrètes, des méfaits innommables
Et l'obscurité m'en divulguerait à l'instant l'ampleur s'il le fallait
J'ai peur
De la moiteur des draps que seule ma sueur noiera de mon attente
Des heures sans pitié qui m'étriperont
La nuit passe mais c'est un mensonge
La complaisance se contente de la tirer vers le jour
Dans les révoltes sourdes et l'anarchie des membranes
Où retrouver l'heure ?
Et la douce idée d'un début ?
L'organisme fomente au crépuscule
J'ai peur du noir
Celle que je vais retrouver une fois la porte des chahuts close
N'a pas de sol où graver son nom,  de bilan brillant comme des lunes, ni de possibilité de fuite
Elle m'accrochera sous son histoire en caressant le lobe de ma mémoire
Et je me tairai
J'ai peur du noir.


Août 2014