Cuite









Traversant les buissons ardents
Sautant à pieds joints au-dessus de l'angoisse
J'irai hydrater ma peur
Chercher dans les breuvages de l'oubli les chemins d'une transhumance
J'irai, sans limite au fond d'une ivresse écrasante, suspendre le temps
Et la peine autour, dans les effets radicaux des molécules
Leur puissance à effacer les calcifications
J'irai m'enivrer jusqu'à la petite mort
Jusqu'au matin où seuls les grincements de la reconstruction traversent l'air
J'irai saouler de tout
Rayer de mon bréviaire la lente agonie du sens
J'irai trouver dans les degrés d'alcool les niveaux de l'entendement
Et l’asepsie et l'indifférence et l'amnésie et l'avenir
Couplés dans le larynx et généreux aux synapses
L'aide muette de la dislocation
J'irai disparaître dans des mondes flous
Des raisons d'être fragiles comme des parchemins
Si j'y croyais encore à ce bandage de l’hypophyse en feu
J'irais y tremper le désert de ma voix, y noyer l'incommensurable
J'irais mouiller le sable de ma gorge
Boire jusqu'à la mise en route des heures
Goutte à goutte des heures, assise sur le fond du mouvement incertain
Dans des verres oublieux se fendant sous la main







Octobre 2014