No future





Dès que la plus légère brise franchit le seuil de présent
Commence à prendre forme, aisance, aisance au rêve
L'horloge radicale l'absorbe entre ses hanches
La déchiquette, l'immole
Ne laissant condamné sur place qu'un amas méconnaissable

Il en va de tout ce qui suivra
De tout ce qui ne suivra pas
Il en va des taillis dont j'ignorerai jusqu'à la présence
De tout ce qui pourra m'aider à disparaître
Plus de souffle, l'attente nue, sans le fatras de l'espoir

Dès que se dessinent les courbes des lunes à venir
Je ferme les yeux pour penser les nuits
Pas d'erreur, pas de chemin
Je cherche encore parfois au bord des draps
La tiédeur mais elle n'est plus de ce bord-là

Se tenir à soi qu'on méconnaît demande toute l'attention possible
Pas de divergences vers les horizons bleus
C'est le travail des heures de se maintenir dans du temps
C'est un travail énorme, c'est à dire, épuisant
N'effleurer que le sol, on est fait, on croit, pour l'escalade et l'envol

Pas de souffle vers plus tard
Une respiration lente qui scande chaque minute
La concentration, zélée comme une novice, sur le maintien infaillible de la neutralité
Étouffés au fond des gorges les attentes bouleversantes,  les hourras
Plus de cri aucun
Plus de joie

La pleine marée de la solitude
Où j'ai tant essayé d'identifier des voix
Laisse sur son passage un seul élément palpable
Y marcher, y marcher
Son impensable silence



Octobre 2014